Déjà considéré comme incontournable pour de nombreux acteurs et projets, le BIM (Building Information Modeling) élargit son champ d’application à la ville en devenant multi-échelle et en autorisant la modélisation de l’ensemble des aménagements urbains.
Parmi les approches à haut potentiel des aménageurs, on observe l’émergence de nouvelles méthodes de travail pour la gestion et la création de projets.
Le CIM, aussi appelé City-BIM ou BIM multi-échelle, est une extension du BIM à l’échelle du territoire. Il favorise une gestion de travail collaborative avec un suivi sécurisé des données et des documents, facilite les échanges, la compréhension et l’acceptabilité des projets.
Essentiellement utilisé pour des bâtiments, le BIM s’impose progressivement au sein de projets de villes intelligentes.
Apprendre à repenser la ville : BIM + SIG = CIM
Les SIG (Système d’Information Géographique) existent depuis les années ‘60. Leur vocation est de croiser des données géographiques, statistiques et des bases de données afin de visualiser le fonctionnement d’un espace (infrastructures, accessibilité, zones, aménagement du territoire, zones inondables, etc).
Le BIM permet dans le domaine de la construction de créer des maquettes numériques de bâtiment, en ce compris toutes les informations techniques liées au bâtiment.
En associant les deux technologies, on parvient à modéliser des écosystèmes qui vont bien au-delà de l’immeuble et ainsi prévoir des réseaux de raccordement cohérents, des infrastructures accessibles ou encore envisager des simulations à l’échelle de la ville (trafic routier, accident, événement naturel, etc) et comprendre les liens avec le bâtiment.
Une maquette numérique du territoire
La démarche, inclusive et collaborative, ne concerne plus uniquement le bâtiment, elle le lie à l’environnement qui l’entoure par le biais de la création de bases de données 3D à l’échelle d’un quartier, d’une ville ou encore d’un territoire.
Il s’agit donc d’une maquette numérique à l’échelle d’un quartier ou d’un territoire donné. Là où le BIM permettait de modéliser un ouvrage de construction en 3D, le CIM offre quant à lui la possibilité de modéliser un espace urbain dans son entier, en intégrant toutes les informations qui le composent : voirie, réseaux urbains (eau, énergie, télécommunications, éclairage, assainissement, wifi), bâtiments, végétaux, gestion des eaux pluviales, gestion des déchets, mobilier urbain, …
Ce faisant, il réunit l’ensemble des données nécessaires au bon déroulement d’un projet urbain, en tenant compte des caractéristiques et des contraintes inhérentes à chaque métier impliqué.
L’ensemble des personnes concernées peuvent avoir à leur disposition une base de données structurée de tous les objets qui constituent le projet d’aménagement. Elle contribue à simplifier la prise de décision, la collaboration et la communication entre acteurs (architectes, paysagistes, ingénieurs, maîtres d’ouvrage…) et utilisateurs (riverains, habitants…), notamment durant l’étape de concertation publique.
Un outil précieux puisqu’il permet une excellente compréhension d’un projet urbain par sa visualisation dans son contexte, ce qui peut aussi faciliter la compréhension et l’acceptabilité des projets.
A toutes les étapes du projet
En amont d’un projet, le CIM est utilisé pour sélectionner l’emplacement de construction idéal, construire la structure du réseau routier et du réseau électrique, mais aussi commencer à travailler le design du bâtiment : sa performance climatique ou son insonorisation par exemple.
Lors de la construction, le CIM permet de prévoir la logistique d’approvisionnement en matériaux et calibrer intelligemment les emplois du temps des différentes parties prenantes.
Après la phase de construction, il est utilisé pour la maintenance, pour lutter contre les risques naturels, mieux gérer l’approvisionnement énergétique ou tout simplement gérer correctement les équipements, leur entretien et leur renouvellement.
Enfin, les informations contenues dans un CIM peuvent être exploitées par de nombreux outils de calcul, de simulation et d’aide à la décision, par exemple dans le domaine émergent du microclimat urbain.
Un exemple concret : l’aménagement en BIM-CIM à Paris La Défense
Grâce à un partenariat avec le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment), le confort des usagers a pu être restitué et scénarisé virtuellement et la performance de l’aménagement a pu être simulée selon plusieurs critères (aéraulique, acoustique, éclairage public, environnement, reflet solaire, éblouissement).
Beaucoup de promesses à l’heure actuelle mais il reste du chemin à parcourir !
Travailler en CIM pour un projet urbain exige des connaissances solides de matérialisation des données liés aux métiers et une implication de l’ensemble des contributeurs.
A ce jour, les connaissances restent encore assez vagues parmi les acteurs de la construction urbaine. Néanmoins, la vie des nouveaux quartiers sera bientôt simulée en virtuel avant de sortir de terre, une vraie révolution ! Alors que le concept de smart-city a le vent en poupe, le CIM apparaît comme une solution solide pour participer à son essor.
Pour aller plus loin : City Information Modeling, décryptage des enjeux et outils, Gouvernance des territoires, Certivea & Cerway
Certivea : Filiale du CSTB, Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, Certivéa est la référence en matière d’évaluation et de certification destinées aux bureaux, équipements sportifs, culturels ou de santé, établissements scolaires, hôtellerie, commerce, logistique, etc.
Cerway : Cerway est l’opérateur de la certification HQE™, qui accompagne les acteurs à l’international tout au long de leur projet. L’offre HQE™ portée par Cerway couvre les bâtiments résidentiels et non résidentiels, la construction, la rénovation ou l’exploitation ou les opérations d’aménagement durables.
Ou encore : « La maquette numérique, un moyen d’augmenter la densité informationnelle d’un territoire ? », Bernard Ferriès et Marion Bonhomme.